Sculptures préhistoriques, Merveilles (Clugnet 1877)

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Clugnet Léon, 1877. Sculptures préhistoriques situées sur les bords du lacs des Merveilles (au sud-est du col de Tende, Italie), pp. 379-387.
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[editor’s note: research history, In this paper, the first French work, the author, a librarian from Lyon, supports the idea that the engravings were made by shepherds or hunters; detailed plates]

by Léon CLUGNET



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  • this paper is an excerpt from: Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’Homme, 13e année, 2e série, tome VIII, Toulouse, pp. 379-387;
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Léon Clugnet:

Sculptures préhistoriques
situées sur les bords des lacs des Merveilles
(au sud-est du col de Tende, Italie)

   Me trouvant à Nice vers la fin du mois d’août de cette année, je rencontrai, par hasard, dans l’ouvrage de Foderé, Voyage aux Alpes-Maritimes, t. I, p. 19, les lignes suivantes :

   « Pour les monuments, il en existe un dans un petit vallon, au bas du col d’Enfer, près des lacs des Merveilles. Ce sont d’énormes pierres de taille, détachées d’un rocher voisin, qu’on voit étendues à terre en grand nombre et sur lesquelles sont gravés grossièrement, mais d’une manière encore visible, des chevaux, des tours, des chariots armés de faux, des vaisseaux en forme de galères, des casques, des boucliers, des arcs, des piques et autres instruments de guerre, avec beaucoup d’écritures qui ne sont ni grecques, ni latines, ni arabes, et qu’on conjecture être des caractères puniques. Ces pierres paraissent avoir été préparées pour un monument qu’on n’a pas eu le temps d’élever ».

   Ces quelques lignes me rappelèrent qu’un anglais, M. Moggridge, et un prussien, M. Dieck, parent de M. de Bismark, avaient été en 1868 à la recherche de ces curieuses sculptures. Après avoir campé plusieurs jours dans la haute vallée où elles se trouvent, en dépit des orages continus qui les firent beaucoup souffrir, ils en avaient

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rapporté quelques dessins trop rapidement faits, qui furent publiés dans le Compte-rendu du Congrès d’archéologie préhistorique tenu à Norwich.

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Clugnet 1877, planche III, partie gauche

 

   Curieux de voir par moi-même ces traces d’une population qui a disparu sans laisser d’autre souvenir, je résolus de me rendre de suite au val d’Enfer.

   Le 29 août, j’arrivai à San Dalmazzo di Tenda. Ce petit hameau est situé sur la belle rivière de la Roya, à 4 kilomètres au sud du village de Tende. Un peu plus bas vient déboucher, sur la rive droite de la Roya, une vallée latérale au fond de laquelle coule un large ruisseau. C’est près de la source de ce dernier que se trouvent les rochers sculptés.

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Clugnet 1877, planche III, partie droite, corniformes seulement

   Partant de San Dalmazzo à trois heures du matin, je m’engageai sur un chemin à mulet, mal entretenu, qui suit la rive droite du ruisseau. Une épaisse forêt de châtaigniers couvre d’abord les flancs de la vallée mais le sol s’élevant rapidement, ces arbres font bientôt place aux sapins, qui sont peu nombreux du reste. Après deux heures et demie de marche, je passai devant le point où le torrent de Casterino mêle ses eaux à celles du ruisseau, et un moment après j’atteignis la curieuse mine de plomb argentifère dite della Vallauria. Exploitée autrefois par les Romains, puis par les Sarrasins, elle est loin d’avoir aujourd’hui la même importance. Cependant, la compagnie anglaise dont elle est actuellement la propriété y fait travailler sans cesse une cinquantaine d’ouvriers (1).

   Au-delà, le chemin se transforme en un étroit sentier, qui continue à suivre la rive droite jusqu’à un point où la vallée, devenue très-étroite, est comblée, jusqu’à une hauteur prodigieuse, d’innombrables blocs de rochers tombés des sommets environnants ou apportés par les anciens glaciers. Cet amoncellement est tel, qu’il change le ruisseau pour un instant en une belle et haute cascade.

   Cependant le sentier avait disparu. Gravissant alors les pentes fort raides de cette antique moraine, je me trouvai bientôt dans une

(1) Au moment ou j’arrivai à San Dalmazzo, une expédition composée de MM. Rnt~M et de VESLY, ainsi que de guides et de porteurs, revenait du val d’Enfer, où elle avait campé une dizaine de jours afin d’étudier les sculptures. Cette expédition avait été organisée partes les soin du gouvernement français.

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région, dont l’aspect désolé et sauvage dépasse tout ce que l’imagination peut inventer. Je compris sans peine pourquoi les habitants des environs ont donné le nom de val d’Enfer à cette partie de la vallée. Après avoir rejoint le ruisseau dont j’avais dû m’écarter, je ne tardai pas à apercevoir trois petits lacs qui communiquent entre eux, et que leur forme a fait appeler lunghi (longs). Le plus éloigné des trois reçoit deux torrents que séparent des hauteurs escarpées. Je suivis celui que j’avais a ma droite, ou plutôt je m’avançai au milieu de son lit, car ses bords sont couverts d’énormes rochers éboulés et entassés en désordre. A 100 mètres environ du lac, j’aperçus la première pierre qui porte une figure sculptée (pl. III, fig. 4). Un peu plus loin, j’en rencontrai trois autres (pl. III, fig 18-33), et, remontant toujours le ruisseau, je n’en trouvai plus qu’une (pl. III, fig. 2-16) située à quelque distance du premier des lacs delle Meraviglie (des Merveilles), lequel se trouve lui-même à 1,500 mètres du dernier des lacs Lunghi. Mais c’est en vain que je poussai mes recherches jusque sur les bords des deux petits lacs de Valmasca, qui sont situés à l’extrémité supérieure du vallon. Revenant alors sur mes pas, je gravis (toujours sur la rive droite du torrent), l’espace intermédiaire qui sépare la première et la dernière roches sculptées que j’avais rencontrées, et je découvris enfin ce que je cherchais depuis longtemps et craignais presque de ne pas trouver, faute de guide.

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Clugnet 1877, planche IV, partie gauche, corniformes et quatre poignards

   Au milieu des éboulis qui couvrent le flanc de la montage, il existe une légère saillie qui a arrêté dans leur chute une multitude de gros blocs de pierre, dont la plupart offrent d’un côté une surface remarquablement plane. Un peu plus loin, la saillie dont je viens de parler se présente sous forme de rocs polis et ornés de vastes moulures longitudinales de forme très-régulière. Je connais peu d’endroits où l’action des glaciers ait laissé des traces plus distinctes.

   Or, c’est sur un grand nombre de ces pierres et sur ces rocs à surface plane que sont gravées une multitude de figures, dont beaucoup malheureusement ont été en partie effacées par le temps. Leur hauteur varie entre 6 cent. et 30 cent. Elles se composent d’une multitude de petits trous circulaires, plus ou moins rappro-

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chés les uns des autres, et dont le diamètre est de 2 à 3mm, tandis que leur profondeur ne dépasse guère 1mm (pl. V, fig, 20 à 22), La pierre, qui est très-dure, est un schiste ardoisier de couleur grise, dont les parties exposées à l’air sont couvertes d’une mince couche d’une substance jaunâtre. Cette couche a été percée par les outils employés à graver les figures, de sorte que ces dernières se détachent en gris sur le fond jaune de la pierre. Sur les débris de rochers d’une composition et d’une apparence extérieure différentes, je n’ai pas trouvé la moindre trace de sculptures.

   Après avoir dessiné sur mon album avec une exactitude aussi grande que possible toutes les figures qui me parurent mériter d’être reproduites, je dus repartir en toute hâte. Le vent qui s’était levé soufflait avec violence d’épais nuages s’abaissaient sur la vallée, et le froid était devenu très-vif. Je n’arrivai que tard dans la nuit à San Dalmazzo, ayant marché plus de seize heures dans la journée.

   Le lendemain, je me remis en route longtemps avant le lever du soleil, pour aller visiter les environs des lacs des Merveilles. Cette journée fut très fatigante à cause des nombreuses ascensions que j’eus à faire, et ce n’est pas avant onze heures du soir que je pus prendre un peu de repos à San Dalmazzo. Voici le résultat de mes observations, faites, du reste, très-rapidement faute de temps.

 Les hauts vallons voisins de celui des sculptures sont tous creusés entre do très-hautes montagnes qu’il est très-difficile de franchir. Dans aucun d’eux je ne rencontrai de traces de sculptures du reste, nulle part on ne voit de blocs de pierre à surface plane, tels que ceux dont j’ai parle plus haut. Le vallon des lacs des Merveilles est lui même entouré d’une ceinture de hauteurs fort escarpées, comme les monts Bego (2,873m) et Càpelet, et, pendant une grande partie de l’année, il est comblé par la glace et la neige. Je ne puis affirmer que des sculptures ne s’y trouvent point sur quelque point autre que celui qui a été décrit. Cependant, tout me porte à croire qu’il n’en existe que sur ce point-la, car j’ai gravi jusqu’aux principaux sommets environnants, et nulle part je n’ai vu une seule figure sculptée. Du reste, les pierres à surface plane et dure sont très-rares en dehors de cette partie de la rive droite du ruisseau,

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qui est comprise entre le dernier des lacs Lunghi et le premier des lacs delle Meraviglie. Je m’attachai surtout à examiner les bords des deux lacs supérieurs delle Meraviglie. Ils sont situer l’un au- dessus de l’autre, à une grande hauteur dans les pentes qui conduisent au sommet du mont Capelet. Mais là encore je ne vis ‘aucune sculpture de sorte que l’expression “des Merveilles” devrait être uniquement employée à désigner le lac inférieur près duquel se trouve la dernière pierre sculptée que l’on rencontre en remontant la vallée. Il résulte de ce qui vient d’être dit, que les sculptures ne paraissent pas marquer un lieu de passage, puisque la vallée n’a jamais pu être un chemin naturel d’un autre côté, il semble qu’elles n’ont été exécutées que sur un espace très restreint de la vallée, et cela uniquement parce qu’une espèce particulière de roche a permis de se livrer à ce travail.

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Clugnet 1877, planche IV, partie droite,

   Je n’ai que peu de chose à dire sur leur origine. Elle me paraît encore fort incertaine. Je laisse à ceux qui sont plus compétents que moi le soin de la déterminer, bien qu’il me semble difficile qu’on puisse arriver sur ce point à un résultat satisfaisant.

   Il est à peine nécessaire de démontrer combien est fausse la tradition suivant laquelle ces figures auraient été gravées par des soldats d’Annibal, lorsque ce dernier traversa les Alpes pour se jeter sur l’Italie. Il ne faut pas oublier qu’Annibal est le héros légendaire de toutes les Alpes il n’est pas de col où les gens du pays ne prétendent qu’il ait passé; il n’est pas de roc de forme bizarre qui n’ait été taillé par ses ordres pour faciliter la marche de ses troupes, etc. En un mot, tous les événements extraordinaires dont le souvenir s’est conservé dans ces montagnes lui sont attribués. La tradition rapportée plus haut ne prouve donc qu’une chose c’est l’antiquité incontestable de ces sculptures. D’ailleurs, en l’absence de documents historiques décisifs, on ne peut que présumer qu’Annibal a dû franchir les Alpes par le passage lo mieux connu alors, et l’on sait maintenant que le col du Mont-Genèvre était le plus fréquenté dans la haute antiquité. Et puis, si Annibal avait opéré son passage plus au sud, il aurait certainement évité la vallée d’Enfer qui s’étend de l’est à l’ouest et ne conduit nulle part. Enfin, on pourrait se demander, avec raison, comment des hommes

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de guerre se seraient amusés à destiner aux la pierre des têtes d’animaux qu’ils n’étaient pas habitués à voir et des armes de forme primitive qui ne devaient plus être en usage dans les armées carthaginoises. C’est cette tradition mal interprétée qui a fait dire à Foderé qu’on voyait sculptés près du lac des Merveilles des chariots de guerre, dos tours, des galères, etc., toutes choses qui ne sont pas représentées une seule fois.

   Quant à l’opinion que ces figures pourraient être des caractères hiéroglyphiques d’une langue inconnue, il n’est pas douteux qu’on ne doive la rejeter. Le désordre dans lequel elles sont disposées sur les blocs de pierre, le fait évident pour moi que certaines d’entre elles ont été intercalées entre d’autres plus anciennes, les grandeurs très-diverses de sculptures représentant des objets semblables, quoique placées les unes à côté des autres, l’analogie qu’elles ont avec celles qui ont été découvertes dans plusieurs contrées, tout prouve, en un mot, qu’il n’est pas plus à propos de leur prêter un sens caché qu’aux fameuses sculptures de Suède décrites par MM. Montelius et Bruzelius. En outre, il ne semble pas qu’on puisse les considérer comme une écriture symbolique destinée a conserver le souvenir d’événements importants, ainsi qu’on peut l’admettre des sculptures de Suède. L’absence de formes humaines et de scènes vivantes en est la preuve évidente.

   Pour reconstituer l’histoire probable de ces sculptures, il faut se dépouiller de toute idée préconçue, se garder de leur attribuer coûte que coûte une importance que l’on donne trop facilement à notre époque à tous les restes des vieux âges préhistoriques, et ne chercher que dans l’examen de leurs caractères l’explication de leur origine. Un regard jeté sur les planches qui suivent montre que les figures dominantes sont des têtes d’animaux et des armes.

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Clugnet 1877, planche V, partie droite, le corniforme est publiée à sa grandeur naturelle

   Elles ont donc dû être gravées par des hommes qui vivaient des produits de la chasse et de l’élève du bétail. On peut demander comment il se fait qu’elles se trouvent en si grand nombre dans un vallon inhabitable. Je répondrai que malgré la désolation de ces lieux, on y voit cependant cà et In, pendant la belle saison, de rares brins d’herbe qui suffisent pour attirer quelques troupeaux de moutons et de chèvres. Ainsi, il est présumable que dès la plus

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haute antiquité ils étaient visités par des bergers qui venaient des parties basses de la vallée. Maintenant, si l’on considère que ces sculptures pouvaient être exécutées assez rapidement (il ne m’a fallu que quelques minutes pour en reproduire une assez exactement à l’aide de la pointe d’un couteau), il ne sera pas exagère d’admettre qu’un petit nombre de bergers ont pu les exécuter toutes dans l’espace de quelques années.

   Quant au motif qui guidait ces derniers, il n’y en eut pas d’autre, je crois, que le désir d’occuper les longues heures consacrées à la garde des troupeaux. Quelques bergers eurent l’idée de chercher une distraction dans ce travail et ceux qui vinrent après les imitèrent. Quel autre motif auraient-ils pu avoir, sinon de fixer sur la pierre le souvenir de certains événements remarquables. Et, dans ce cas-là, ne verrions-nous pas figurer des scènes animées, telles que sacrifices, combats., etc.?

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Clugnet 1877, planche V, partie gauche, les figures les plus grandes sont publiée à leur grandeur naturelle

   Cette absence de tableaux historiques prouve de plus que ces sculptures n’ont du être faites que par des hommes menant une vie simple et monotone, tels que les patres des montagnes. Des hommes accoutumés à une existence plus agitée auraient certainement eu une plus grande variété d’objets à représenter et surtout ils n’auraient pas manqué de figurer quelques uns des événements quotidiens auxquels leurs regards étaient habitués.

   Je n’oserais pas prendre sur moi de déterminer tous les animaux et tous les objets reproduits dans les planches qui suivent. Voici ceux que je crois reconnaître, et je laisse à de plus habiles que moi le soin d’établir ce que sont les autres:

   Pl. III, fig. 1, 18, 19,20, 23, 24, 36, 41, 49, 52. etc. Pl. IV. fig. 1, 2, 3, 4, 28, 29, etc. PI. VI, fig. 10, 11, 12, 16, 26, 27, têtes de cerfs et d’élans.

   Pl. III, fig. 4, un quadrupède, peut-être un chien.

   Pl. III, fig. 17, 26, 32, etc. des têtes de bœufs (?).

   Pl. IV, fig. 15, 44. Pl. VI, fig. 3, des têtes de béliers, de boucs, de bouquetins (?).

   PI.V, fig. 14, un oiseau (?).

   PI. IV, fig. 33, trophée de crânes d’animaux.

   Pl. III, fig. 13, 15. Pl. IV, fig. 34, 47. etc. PI. VI, fig. 1, 2, 8, etc.,

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filets servant à transporter le foin ( on s’en sert encore pour cet usage dans quelques hautes vallées des Alpes), ou bien massues faites de branchages tressés (?).

   Pl. III, fig. 3, 5, 10, 11, 30, etc. Pl. IV, fig. 18, 25, 41, etc. Pl. V, fig. 3, 4, armes ou coutelas en pierre (comparer un instrument semblable qui se trouve au Musée ethnologique de Copenhague et qui est figuré à la page 441 du Compte-rendu du Congrès d’archéologie tenu dans cette ville).

   Pl. III, fig. 14. Pl. V fig. 16, couteaux, grattoirs en pierre.

   Pl. V, fig. 2, 16, hachettes en pierre avec manches de bois.

   Pl. III, fig. 6, massue (?).

   Pl. IV, fig. 12, 13, 38, 51. PI. VI, fig. 9, 13, 17. 24, etc., dessins dus, sans doute, à l’imagination plus vive de certains pâtres.

   Pl. IV, fig. 5, 6, curieuses figures que je n’ose prendre sur moi de déterminer. Tout ce que je puis dire, c’est que leurs contours sont très-nettement arrêtés. Je ne les ai trouvées que sur une seule pierre. Peut-être représentent elles des peaux d’animaux.

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Clugnet 1877, planche VI, partie gauche, figures géométriques et cornues

   Je ne serais pas éloigné de croire que ces sculptures datent d’un temps où les habitants de ces montagnes ne connaissaient pas ou du moins n’employaient pas des outils de métal. La forme massive, ramassée, des armes ou coutelas, leur talon évasé, leur poignée épaisse, tout, en un mot, semble indiquer qu’elles devaient être de pierre. Faites de métal, elles auraient certainement eu une forme plus élancée, plus légère. C’est probablement à l’aide de ces instruments de pierre (Pl. III, fig. 3, 30, etc., etc.) que les sculptures ont été exécutées. Des expériences faites au Musée de Saint-Germain ont prouvé que des outils de silex sont plus commodes pour ce genre do travail que des instruments de bronze ou de fer.

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Clugnet 1877, planche VI, partie droite, la carte topographique

   J’espère que les lignes qui précèdent, bien qu’écrites à la hâte, suffiront pour donner une idée assez exacte des sculptures des lacs dos Merveilles. Mais si elles pouvaient provoquer chez quelques archéologues le désir d’aller les étudier plus longuement sur place, je serais heureux d’avoir contribué à augmenter l’attention qui se porte depuis quelques années vers ce vallon désert, où quelques dessins laissés sur le roc nous permettent de faire revivre en imagination

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des hommes qui existèrent à une époque perdue dans la nuit des temps.


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Original reference:
Clugnet L., 1877. Sculptures préhistoriques situées sur les bords du lacs des Merveilles (au sud-est du col de Tende, Italie), Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’Homme, 13e année, 2e série, tome VIII, Toulouse, pp. 379-387, 4 pl. h.t. (III, IV, V et VI).


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